Centre d'Etudes et de Recherches

sur les Phénomènes Inexpliqués

L'autobus (fantôme) rouge de Kensington

L'histoire du fameux autobus fantôme, rouge, de Kensington ne date pas d'hier. Forcément puisque les faits datent des années 30... Les faits paraissent tellement invraisemblables, improbables, que l'on a tendance à les rejeter en bloc, en a priori, comme faisant partie de toute la panoplie de fadaises que l'on nous sert habituellement. Pourtant, il s'en passe réellement des choses dans les bus et pas seulement de savoureuses anecdotes plus ou moins humoristiques ou des situations rocambolesques voire tragiques ! L'un de nos correspondants nous relate donc ici les faits, à sa manière. Et puisque nous avons un spécialiste de ce type de transport en commun sous la main, médium de surcroît, il nous a semblé intéressant de voir ce que donnerait une analyse dans ces conditions.

L'AUTOBUS DINGO

C'était un grand autobus londonien de couleur rouge, aux abords des années trente, les années noires pour certains; cet autobus portait le numéro 7 (1)et avait alors pour fâcheuse habitude de harceler les habitants de Kensington Nord. Ceci peut paraître saugrenu ainsi conté, mais quelques explications devraient éclairer les lanternes... Je m'explique !
Le point faisant la jonction entre le boulevard Saint Marc et des jardins de Cambridge dans cette zone, passe depuis longtemps pour un coin dangereux, certains le qualifient "d'aveugle"; comprenons "invisible en venant de l'une comme de l'autre des deux artères"; et il fut de fait la cause d'un nombre d'accidents à juste titre qualifié d'élevé.
Les autorités locales décidèrent sous l'influence d'étranges témoignages de redresser la courbe, de redessiner le carrefour... En effet, depuis quelques temps de nombreux et différents automobilistes ayant pour point commun de rouler à une heure avancée de la nuit prétendirent avoir été contraints de faire un brusque écart au niveau de cette jonction à deux voies afin d'éviter un bus (2) à impériale qui descendait à toute vitesse le Boulevard Saint Marc aux premières heures du matin; longtemps après la fin du service des autobus réguliers(3)...
Un rapport de la police de Kensington relatait "Je tournais le coin lorsque je vis l'autobus foncer sur moi; les lumières des deux étages et les feux de route éclairant à plein; mais je n'ai pu distinguer aucune trace ni d'employés ni de passagers (4), j'ai braqué violemment, je suis monté sur le trottoir après en avoir raclé le bord(5); le bus à ce moment précis s'est évanoui..."
A la suite d'un fatal accident au cours duquel un conducteur avait fait écart et heurté le mur d'en face, un témoin oculaire affirma, lors de l'enquête du magistrat, qu'il avait vu un mystérieux autobus foncer sur l'automobile avant que le conducteur ait pris le virage... A partir du moment où le magistrat mit en doute cette infirmation, des douzaines d'habitants du quartier écrivirent à son bureau et au journal local affirmant d'une manière étrangement redondante qu'ils avaient bel et bien vu un tel autobus... Parmi ces témoignages, un se détacha du lot. Ce fut celui d'un employé de la compagnie qui prétendait avoir vu le véhicule rentrer au dépôt des autobus aux premières heures du matin, s'arrêter moteur ronflant pendant un moment; puis s'évanouir(6)... Jamais ce mystère ne fut résolu, mais il est peut être significatif que le bus "fantôme" ne fut plus jamais aperçu après que le danger du virage à angle aigu ait été supprimé, et l'on suggéra alors que la vision ait été "projetée" à l'endroit même pour dramatiser le danger inhérent à l'intersection des deux voies.. Chacun est alors libre d'en tirer ses propres conclusions mais il me parait que réfuter tout ceci sans preuves(7) ni recherche reviendrait à une fermeture d'esprit... Tout ces témoins sont-ils des menteurs ? Au moment où tout le monde affirme le contraire de sa pensée il faut peut-être penser à se remettre en cause au lieu de s'en prendre sans fondements à l'adversité.

L'AVIS DU SPÉCIALISTE...

Nous demandons ici l'avis d'une personne avisée : Je ne suis pas un spécialiste mais plus simplement chauffeur de bus dans une grosse société et ce depuis pas mal d'années déjà. Je suis même instructeur, c'est-à-dire que c'est moi qui explique les différentes lignes de mon secteur aux nouvelles recrues. J'ai déjà vu un bus de près et je sais ce que signifie conduire un véhicule de transport public, dans toutes les conditions possibles. Je dois avoir des millions de kilomètres derrière moi. en fait, je ne les compte plus depuis longtemps...
(1) En lisant l'article de notre correspondant, la première chose qui m'interpelle est qu'il s'agit d'une ligne "7". Voilà qui m'intéresse puisque c'est aussi l'une des miennes, sauf que je n'exerce pas en Angleterre...
(2) Je pense qu'il faut ici démystifier cette histoire de bus qui arrive en sens inverse dans un "virage aveugle". Bien sûr, tout automobiliste a déjà eu cette mauvaise surprise de se retrouver presque face à face avec un poids lourd. Cela fait de l'effet, c'est imposant, impressionnant, etc. Mais dans le cas présent, on semble surtout reprocher au bus en question d'être du mauvais côté de la route et je ne parle pas de la conduite à gauche, normale en Angleterre. Il y a là un "phénomène" (quoi que ce soit un bien grand mot), qui mérite des explications et qui est parfaitement "normal". Cependant, il faut s'entendre sur les termes et l'optique.
Le problème provient de ce que l'on appelle le "porte-à-faux" des autobus, "cantilever" en anglais. Si vous regardez attentivement un autobus et que vous faites la comparaison avec un camion, vous remarquerez que l'emplacement des roues avant est différent. La distance entre l'avant du bus et le premier essieu est de loin plus importante pour le bus. Mais qu'est-ce que cela peut bien faire, direz-vous ? Hé bien, justement, une sacrée différence, surtout dans un virage en épingle à cheveux !

Expliquons nous : La distance dont il est ici question implique une manière totalement différente de prendre les virages. Il s'agit là d'ailleurs de l'une des premières difficultés que rencontre un apprenti conducteur lors de son écolage. Sans instruction adéquate, le chauffeur aurait tendance à tourner beaucoup trop tôt, à cause de l'habitude acquise par la conduite automobile (ou éventuellement d'un camion). Or donc, lorsqu'un chauffeur de bus doit prendre un virage, il est obligé de d'abord laisser partir le "museau" du bus vers l'avant alors qu'il tourne le volant avec un temps de retard. C'est normal, à cause de la position des roues, il ne peut pas faire autrement. Il n'y a que dans les virages de faible amplitude que le phénomène ne se remarque quasiment pas. Somme toute, si vous vous placez à l'avant d'un bus, à côté du chauffeur, si celui-ci effectue un virage serré vous aurez l'impression que l'avant du bus "va trop loin", qu'il déborde de la courbe normale et, s'il y a une façade en face, qu'il est bien parti pour aller s'y encastrer...
Mais, bien entendu, c'est voulu, c'est obligé, pas moyen de faire autrement. D'ailleurs, dans le cas contraire, ce serait l'un des flancs du bus qui viendrait racler le bord d'une façade perpendiculaire, il écraserait "joyeusement" des piétons en montant sur le trottoir ou démolirait les clôtures d'une prairie pour ne citer que ces exemples.
En poursuivant le raisonnement, dans les virages, les bus empiètent donc obligatoirement sur au moins une partie de la bande réservée à la circulation qui vient en sens inverse et, rappelons-le, c'est encore plus vrai dans le cas d'un virage très serré... Le reste n'est hélas qu'une question de comportement des usagers de la route. Ces derniers ont souvent tendance à rouler trop vite et manquent de prévoyance à l'abord d'endroits dangereux. Ils sont surpris, non seulement si un autobus surgit du virage, mais d'autant plus que celui-ci ne peut faire autrement que d'empiéter sur l'autre bande de circulation. Cela peut effectivement provoquer des accidents, des accidents qui auraient tendance à se produire fréquemment au même endroit. Je suis presque sûr que, dans le cas de la présente narration, certains automobilistes ont été surpris parce qu'ils ne roulaient pas en connaissance de cause, ne s'attendaient pas à voir arriver un bus à cette heure de la nuit et ne pensaient certainement pas à ce "détail" du porte-à-faux".
Pouvons-nous vous faire remarquer que le bus de l'image ci-dessus ne comporte pas cette particularité technique : la distance des roues avant paraît tout à fait normale ! Votre argument ne tient pas... la route !
C'est exact, mais vous ne m'aviez pas montré la photo avant de commencer d'une part, d'autre part je ne peux pas présumer de la situation technique en Angleterre dans les années 30 ! Ensuite, vous me présentez là un "Routemaster", autrement dit l'un de ces bus typiques et même symboliques de la ville de Londres. Après avoir fait quelques recherches (car en ce qui me concerne, je ne roule pas sur des bus à impériale !) il apparaît que ce modèle ait été mis en circulation en 1956 pour en être retirés le 9 décembre 2005. Il ne subsiste plus que deux lignes vouées seulement au tourisme !
Voudriez-vous donc dire que par le fait même l'histoire qui nous a ici été contée partirait en tête à queue ? Je dirais même en queue de poisson et peut-être de poisson d'avril ! Mais à la seule condition que l'exemple cité dans le témoignage soit celui d'un "Routemaster". Or ce mot n'est cité nulle part. On y parle bien d'un bus rouge (comme les poissons rouges...) et on comprend aisément qu'il s'agit d'un double deck, donc : un bus à deux étages. Autrement dit "à impériale". Cela ne signifie pas qu'il s'agisse d'un "Routemaster". Il existe d'autres modèles et ceux-ci peuvent avoir un porte-à-faux. Cette question était évidemment importante puisque si ce type de bus avait été le seul bus à impériale ayant été utilisé à Londres, cela voulait dire que l'histoire était bancale. Mais si on conçoit facilement que, de nos jours, d'autres modèles (de bus à impériale donc...) aient supplanté le "Routemaster", cela ne nous intéressait pas ici et la bonne question était de savoir s'il existait d'autres modèles de bus, de couleur rouge et à impériale, dans les années trente, à Londres ! Je vous avoue que pour y répondre, j'ai du en référer à Monsieur L, qui est lui aussi chauffeur mais en ce qui le concerne il s'occupe également d'une amicale s'intéressant au vieux matériel roulant sur pneumatiques. Sa réponse est claire et même lumineuse ! Il dit notamment : il existait très certainement d'autres modèles de bus rouges et à impériale à Londres avant la guerre 40-45 ! En effet, sur des documents d'époque, on voit certaines images présentant des scènes des bombardements de Londres. Par le truchement de l'information et de la propagande, on voyait clairement des bus répondant à ces critères, couchés sur le sol, ou "les quatre fers en l'air", éventrés, etc. Ces bus, déjà typiques à l'époque, étaient symboliques de Londres... Donc la réponse est affirmative et le mystère subsiste ou plus exactement l'histoire reste plausible sur le plan technique.
Cependant, rien ne nous dit que ces bus avaient déjà un porte-à-faux ? C'est exact. Et vu le manque d'informations précises à ce sujet, je ne peux pas me prononcer. Je dis seulement que c'est le cas actuel, en Belgique et dans beaucoup de pays. Cependant, de nombreux nouveaux bus présentent des porte-à-faux écourtés ou quasiment inexistants. Je ne pourrais pas vous dire non plus depuis quand date le porte-à-faux et encore moins en ce qui concerne l'Angleterre. Il reste que si un bus ne dispose pas de porte-à-faux, cela représente une certaine difficulté pour prendre les virages courts. La faculté de pouvoir surplomber un trottoir par exemple est un sérieux avantage qu'il me paraît difficilement possible d'avoir oublié dans une grande ville. Mais en admettant que ce soit le cas, il faudrait alors disposer d'autres données techniques, par exemple l'empattement, c'est-à-dire la distance séparant les deux essieux. Plus celle-ci est grande plus les virages auront tendance à être longs et donc plus le bus "prendra de la place" dans les courbes. C'est logique et cela ne dépend pas uniquement du rayon de braquage. Peut-être les anglais ont-ils résolu le problème en utilisant des bus plus courts. En ayant recours aux étages, ils récupèrent alors l'habitacle pour les usagers qui aurait été perdu en longueur. Ce n'est pas impossible quant on sait que les parisiens utilisent des A-508 qui sont effectivement plus courts que les bus standards. Sauf que, en France, les bus à impériale ont été testés mais sans grand succès. Pour la petite histoire disons aussi que Bruxelles disposait jadis non pas de bus mais de trams à impériale ! Pour rappel, c'est ce bon vieux Jacques Brel qui le signale dans sa chanson "C'était au temps où Bruxelles, brusselait"... Pour revenir à votre question, disons que ce serait seulement une possibilité d'explication partielle.
Qu'en serait-il, selon vous, des heures inhabituelles où les témoignages ont eu lieu et qui ont surpris les automobilistes ? (3) Ici encore, il s'agit de distinguer la situation en Belgique et celle de Londres ! Pour ce qui serait de la Belgique, il faudrait s'entendre sur "les premières heures du matin". S'agit-il des premières heures après minuit ou des heures auxquelles les plus braves se lèvent d'ordinaire pour aller travailler ? D'une manière ou d'une autre, il faut savoir que pour des raisons très simples, les bus réguliers peuvent être amenés à circuler largement en dehors des heures auxquelles l'on s'attend généralement à les voir. En effet, les services de bus s'effectuent bien évidemment dans les deux sens (aller-retour par rapport au dépôt). Tard au soir, il arrive donc immanquablement qu'un représentant d'une ligne revienne "à vide" (en "haut le pied" en jargon technique) et c'est d'autant plus vrai s'il s'agit d'une ligne très fréquentée, où les services se terminent tard et commencent tôt. Même chose au matin, alors qu'il faut bien qu'un bus au moins parte beaucoup plus tôt que les autres afin de rallier le terminus opposé. Dans ce cas aussi il le fait "à vide". Or donc, dans les deux cas, nous avons des heures de passage que les gens peuvent facilement qualifier d'inhabituelles et des bus "vides". Voilà qui explique une partie du "mystère".
Mais en ce qui concerne Londres, il faut savoir que le service des bus fonctionne 24h sur 24. A moins d'être "étranger" (non anglais ou non londonien) les personnes impliquées dans les témoignages devaient théoriquement le savoir. Il reste que ceci représente la situation actuelle à Londres et nous ne savons pas ce qu'il en était pour les années 30. Vu l'étendue du réseau, ses performances et son importance dans le classement mondial des transports en commun, on peut supposer qu'il en était déjà ainsi dans ces années d'avant-guerre, mais cela reste une supposition. Quoi qu'il en soit, il me semble donc hasardeux malgré tout de prétendre qu'un bus circule à une heure inhabituelle. Chez nous, les premiers bus sortent des dépôts vers 3h30. Ce n'est déjà pas une heure qui saute à l'esprit du commun des mortels car on se dit "Il n'y a pas encore de bus à cette heure là !" Je le sais pour avoir très souvent entendu cette réflexion ! C'est donc encore plus vrai dans une ville comme Londres où la densité de population est nettement plus importante.
Mais ces bus peuvent-ils circuler sans éclairage ? (4) En toute logique, aucun véhicule à moteur ne peut se déplacer la nuit sans éclairage ! Par contre, lorsqu'un bus se déplace "en haut le pied" alors qu'il fait noir, il n'allume que ses feux de route et pas l'éclairage de l'habitacle. Il faut en effet que les usagers sachent directement que ce bus n'est pas actuellement en service et l'absence d'éclairage intérieur est un moyen de le montrer. Il peut cependant arriver que le chauffeur oublie d'éteindre l'éclairage de l'habitacle ou anticipe sur son allumage peu avant d'arriver à son terminus. Remarquez qu'il n'est pas dit dans le témoignage que le bus circulait sans éclairage, mais bien que c'était allumé en haut et en bas ! Je me pose d'ailleurs dès lors la question : s'il s'agissait d'un "bus fantôme" ou bien d'un bus conduit par un fantôme, pourquoi avait-il besoin d'éclairage dans l'habitacle ? Mais bref, ce n'est pas très important.
Quid à propos de l'absence de chauffeur et d'employés dans le bus ? Continuons à faire la distinction entre la Belgique et Londres, voulez-vous ? Il n'est absolument pas étonnant que l'on ne trouve pas de trace "d'employés" dans un bus belge. Il y a longtemps que l'on est passé au système de l'OMC (One Man Car). C'est-à-dire qu'un bus ne comporte que le chauffeur pour tout personnel. C'est lui qui fait tout.
Cependant, dans le cas qui nous intéresse, on parle de bus à Impériale des années 30... et ceux-ci, célèbres symboles de la capitale londonienne, nécessitaient bien deux employés : un chauffeur et un contrôleur en uniforme. C'est ce dernier qui était chargé de délivrer et de poinçonner les billets. Un périscope à miroirs permettait au conducteur d'avoir l'œil sur les voyageurs de l'impériale. Ils étaient également équipés d'un cordon permettant de sonner le conducteur pour s'arrêter, ainsi que d'une plate-forme arrière qui permettait aux passagers pressés de sauter sur le trottoir à leurs risques et périls.
Oui, mais justement : on n'en trouve pas trace ! C'est difficile à admettre qu'un bus se déplace seul. Les seules possibilités que je veux bien admettre sont celles d'un bus piloté électroniquement. Il existe des prototypes et même des lignes en exploitation dans certains pays, mais cela reste très limité. En dehors de cela, vous avez la possibilité d'un bus dont on aurait omis de faire le frein à main, donc un "bus fou". Ce genre de bus ne prend pas les virages à angle droit mais s'encastre dans les façades ! De plus, il y aurait de quoi se poser des questions sur le sérieux de la société si cela arrivait très fréquemment !
Il existe pourtant une autre explication qui me paraît plus rationnelle : le chauffeur n'est pas remarqué par les automobilistes parce que ceux-ci sont surpris par la manœuvre brusque et dangereuse. Ils ont une grande frayeur et leur attention ne peut pas être optimale. Il peut par ailleurs y avoir des reflets dans le pare-brise et que ceux-ci empêchent de distinguer quoi que ce soit. Ce n'est pas tout, sur le 'Routemaster' (mais ce n'est pas le seul à avoir cette particularité) vous voyez un côté avec l'habitacle réservé au chauffeur. A l'autre partie de l'avant du bus... il n'y a rien ! C'est vide ! Hé oui, le modèle est comme ça ! Cela a quelque chose d'étonnant et je crois qu'il est bon de le prendre en compte. Enfin quel que soit le modèle de bus, pourvu qu'il soit à impériale, ça ne m'étonne guère que l'on ne puisse pas voir le contrôleur éventuel. Ces bus comportent effectivement des cloisons qui rendent la visibilité quasiment nulle de l'extérieur. Dès lors, cela devient très difficile de l'apercevoir et les mêmes considérations relatives à la surprise restent de mise.
Vous remarquerez sur la photo ci-contre non seulement les cloisons dont je vous parle, mais aussi le porte-à-faux dont il était question plus haut. Le conducteur est bien comme "suspendu dans le vide" devant les roues avant du bus !
Le bus s'est alors "évanoui"... ? Il était déjà tout rouge la dernière fois qu'on l'a vu ! Il fallait s'attendre à ce qu'il lui arrive quelque chose ! Mais procédons par ordre et méthode :
(5) Ceci rejoint le principe du porte à faux. Le conducteur a probablement surpris l'automobiliste par sa vitesse et il est de même très probable que celle de l'automobiliste était trop élevée. D'un côté comme de l'autre, on ne peut que déplorer cet état de choses. Les automobilistes ne sont pas seuls en cause. Il arrive hélas aussi que les chauffeurs de bus aient le pied trop lourd lorsque vient l'heure de rentrer chez soi, ou s'il leur arrive d'être en retard au matin. Il n'y a pas d'excuses ni de prétextes qui tiennent : le code de la route est pareil pour tout le monde, il est même encore plus sensible en ce qui concerne les poids lourds.
(6) Là, évidemment, je n'ai aucune explication : en principe, les bus honnêtes ne disparaissent pas comme ça, spontanément ! La seule explication rationnelle qui me vienne à l'esprit (si j'ose dire !), c'est qu'après l'embardée, le bus ait quitté le champ de vision de l'automobiliste par la configuration des lieux (puisqu'il s'agit d'un virage serré). Mais cela correspond très peu au témoignage dans lequel on parle même d'un bus entrant au dépôt, s'arrêtant moteur ronflant et puis disparaissant tout bonnement.
(7) Ici, j'ai l'impression que notre correspondant ne s'exprime pas correctement. Lors d'une analyse en ce qui concerne les phénomènes inexpliqués, "réfuter sans preuves" est contradictoire. Il faut en fait plutôt prouver l'existence du phénomène. Il n'empêche que malgré mes explications, pour autant que les faits se soient bien passés comme décrits ci-dessus, certains points restent dans l'ombre et apparemment mystérieux.

VOS CONCLUSIONS ?

Hé bien, ce n'est pas facile à dire... Je pense qu'il faut voir les choses sous un autre angle. En fait, j'ai parcouru le Net en tous sens à la recherche de cette histoire et j'ai trouvé de nombreux sites qui la mentionnaient. Tous étaient rigoureusement semblables. Je veux dire qu'à chaque fois l'affaire était relatée strictement de la même manière. Il est donc très probable que les Webmasters se sont abondamment échangé l'information et que d'autres l'auront tout simplement recopiée textuellement. Hou ! Les vilains ! Mais d'où provient l'information d'origine qui, ne l'oublions pas, date tout de même de 80 ans (en 2010) environ ? Il nous est assez difficile de la vérifier et de seulement stipuler si les choses se sont bien passées comme ça, si la police a effectivement recueilli des témoignages, s'il y en avait autant qu'on ne le prétend, etc.
Jusqu'à preuve du contraire, il pourrait donc s'agir d'une histoire inventée de toutes pièces, un canular du Net comme il en existe tant. Je crois que l'affaire rebondirait si l'on pouvait disposer d'autres témoignages ou d'éléments plus concrets, mais c'est évidemment assez peu probable. On ne peut pourtant pas laisser tomber comme ça non plus, simplement sous prétexte que nous n'en savons pas plus. Il faut essayer de voir plus loin que le bout de son nez.
D'autre part, il me semble avoir démystifié au moins quelques points pour, à quelques détails près (mais ils ont leur importance !) arriver presque à faire passer cela pour une banale question de roulage et de technique.
Pour en revenir à l'hypothèse d'une simple invention, je pense qu'il faut revoir la situation de North Kensington et de Ladbroke grove dans les années 30. Il y a eu différents courants, parfois fondamentalement opposés qui ont pu amener des tensions internes, notamment entre la bourgeoisie et la multiethnicité. Faut-il voir dans cette affaire une sombre machination destinée à effrayer des indésirables et à les chasser du coin ou au contraire un coup publicitaire destiné à faire venir des capitaux, voire les deux ? On ne pourra sans doute jamais le savoir ! Si on devait mettre sur papier tout ce qui peut naître de l'imagination débridée de la race humaine quand il s'agit d'argent ou de querelles quelconques... Mais il y a encore une autre possibilité. Ce serait qu'un groupe de personnes se soit mis d'accord pour colporter un bruit afin d'attirer l'attention des responsables sur certains points de sécurité qui les concernaient tous. On aurait remarqué que tel endroit était particulièrement dangereux à la circulation et que, en dépit de certains accidents effectifs, rien ne changeait. On aurait donc mis sur place toute cette histoire en espérant que les choses changent. Si l'histoire ne reposait sur rien de concret, cela aurait au moins pour mérite d'interpeller par le nombre de plaintes relatives au même endroit, et ce à dessein, bien entendu. Dans ce cas, il n'est pas étonnant que les témoignages aient convergé.
Mais tout ceci reste de la pure spéculation, de simples hypothèses. Pour ma part, c'est pourtant cette hypothèse, accompagnée des éléments que j'ai fournis, que je retiendrais. En effet, le reste - je veux dire ce qui demeure une fois que l'on enlève ce que l'on croit pouvoir être explicable - paraît par trop invraisemblable. Excusez-moi mais je suis chauffeur de bus et lorsque l'on me parle d'un véhicule qui disparaît, comme ça spontanément, paf ! J'ai beaucoup de mal à l'avaler. On pourra me rétorquer que nous prenons bien en considération l'affaire du triangle des Bermudes, dans lequel quantité d'avions, voire d'immenses bateaux, disparaissent. Mais je ne crois pas que l'on puisse mettre les choses sur un pied d'égalité. Il y a une nette disproportion entre la quantité d'engins prétendument disparus, les circonstances sont très différentes, la réputation du triangle n'est pas du tout comparable à Kensington. Et il y a autre chose qu'il faut prendre en considération. C'est bien dans les années trente que des films tels que Dracula et Frankenstein sont sortis. Dracula vient bien faire un tour à Londres. Frankenstein sort en 1931. De très nombreux films d'épouvante ou de science fiction voient le jour entre 1930 et 1939. Mais on retiendra surtout la sortie de "L'homme invisible" en 1933. Il n'est donc pas vain de supposer que le quotidien anglais était plus ou moins imprégné d'idées de fantastique et de surnaturel. Mettez le tout ensemble et je me demande si nous ne tenons pas l'explication de toute cette histoire !
J'invite nos correspondants qui pourraient avoir d'autres idées ou d'autres pistes, voire d'autres témoignages, etc. à se manifester.

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